Au sortir de la Question humaine, c'est le mot (et le sentiment) étrange de «massivité» qui nous pesait sur le ventre et nous tournait dans la tête. Oui, massif, mais pas dans un sens qui serait hostile ou accablé. Massif dans le sens où il ne s'agit pas d'un film libérateur et encourageant : c'est un beau film qui plombe le mental et, par là même, le physique, comme cela arrive à Simon, le héros, salaud sartrien tranquille qui devient la propre victime de l'engrenage qu'il est le premier, quotidiennement, à huiler.
Simon est un psychologue en ressources humaines qui fait la fierté de son entreprise, multinationale pétrochimique, depuis qu'il a réussi à virer proprement des centaines de salariés inutiles. La nouvelle mission qu'on lui confie sera moins simple : enquêter sur le cas troublant et troublé de Mathias Jüst, vieux boss chez lequel ses pairs soupçonnent un début de dangereuse dépression. Simon va mettre longtemps à comprendre où et comment se cache, dans cette affaire, la manipulation.
Corps libéral. Adapté du livre éponyme de François Emmanuel, la Question humaine propose une thèse violente : le libéralisme contemporain est l'enfant, génétique et généalogique, du nazisme. L'éloignement historique entre la cause (le génocide) et ses effets (le libéralisme) oblige le film à prendre le risque d'une temporalité au forceps. Mais ce que Nicolas Klotz parvient parfaitement à insinuer en nous, c'est cette idée qu'il existe un corps libéral. Il en confirme avec