Cannes, ce n'est pas pour les enfants. Au bar des Palmes, dans le Palais, un élégant serveur met quelque temps à trouver une menthe à l'eau pour Simon Iteanu, 8 ans, qui partage avec Juliette Binoche l'affiche du nouveau film du Taiwanais Hou Hsiao-hsien, le Voyage du ballon rouge. Protégé par sa Game Boy, l'enfant gagne des points de vie en éliminant des monstres. Il ne semble pas écouter les entretiens qui flottent autour de lui, mais il entend tout et comprend vite. La seule star qu'il aurait voulu rencontrer au Festival, «c'est Spider-Man, mais dans ses deux costumes, le rouge et le noir». Lui-même jouerait volontiers «des rôles d'espion avec des noms anglais».
En attendant, il est en CE1, fait du foot et du judo, apprécie Zidane, Henry, OSS 117 et Ronaldo. Il aime aussi passer ses vacances en Corse : «On va à l'hôtel, mais pas un hôtel acheté, hein ? Juste des chambres louées.» A Cannes comme ailleurs, il y a des points de détail qu'un enfant aime préciser. Soudain, il a le hoquet et une jeune femme, très souriante, lui apporte des sucres légèrement vinaigrés, «avale et ça passera». Il y a de la tendresse dans l'air, presque du repos. Cannes, ce n'est pas pour les enfants, mais, quand il y en a un, le monde qui l'entoure paraît se rappeler que le cinéma n'est finalement fait que pour lui.
Simon a un visage d'ange intelligent, des yeux marron et il s'ennuie jusqu'au moment où, pour une raison ou une autre, il sourit. C'est le fil