Naissance d'une réalisatrice : Céline Sciamma a 27 ans. Elle se prédestinait à écrire pour le restant de ses jours des scénarios que d'autres filmeraient à sa place. Mais c'est en rendant une première mouture de Naissance des pieuvres en travail de fin d'études à la Fémis qu'elle s'est laissé convaincre par son jury que ce film était le sien et à ce titre réalisable par personne d'autre. N'ayant précédemment aucun court métrage à son actif, elle débarque, virginale, à Cannes, avec ce premier opus dont le sujet tient précisément à la découverte de la sexualité chez des adolescentes en milieu natation synchronisée. Des pieuvres qui ne savent pas sur qui jeter leur encre, taraudées par leur première fois qui tarde à venir. Vous avez vu ça mille fois déjà ? Sauf que non.
Dans le trio déséquilibré (une est trop blonde, l'autre trop ronde et la troisième trop maigre) qu'elles forment, Marie, Anne et Floriane, octopussies, jeunes, jolies, et tristes comme on l'est à 15 ans, aimeront en dessinant une ronde, un cercle semi-ouvert : j'embrasse une fille pour mieux impressionner un garçon ou pour apprendre à tomber amoureuse des filles. Ces trois fleurs de mer aussi différentes qu'indistinctement ados flottent dans les piscines d'une banlieue ennuyeuse, boivent la tasse en attendant le grand saut. On ne peut pas reprocher à Céline Sciamma d'avoir signé un film de scénariste. Il y a en elle une vision qui fait semblant au départ d'être naturaliste pour mieux noyer le poisson : o