Voici un film qui a pour territoire intime la peur. La peur des femmes, et plus encore la peur qu'ont les hommes des autres hommes. Il n'est même plus nécessaire que celle-ci passe par la violence (les guerres ont déjà, pour ainsi dire, préparé le terrain, ce film, qui se passe à la frontière du Liban et de la Jordanie, en sait quelque chose), elle passe désormais par le regard. Thomas est photographe. Il parcourt les bars à filles de toute la planète, c'est son beau sujet, son obsession, sa manière de plonger tête basse dans l'oubli. A un poste frontière, il croise la route de Fouad, l'amnésique. Ils font tandem, essayant vite de se débarrasser l'un de l'autre. Peine perdue, à eux deux, s'aimantant plutôt qu'ils ne s'entendent, ils font un seul homme : un seul homme, fendu en deux.
Enquêtrice. Inspiré des trajectoires fracassées du photographe Antoine d'Agata et de l'écrivain William Vollmann, Un homme perdu renforce l'idée que Danielle Arbid n'a jamais été une documentariste qui serait subitement passée à la fiction (un très prometteur premier long métrage sorti en 2004, Dans les champs de bataille, faisait suite à son travail docu de longue haleine sur les suites de la guerre civile libanaise) mais qu'elle se tient devant la fiction comme devant les faits réels : à la façon d'une enquêtrice. Laquelle enquête porte ici sur les hommes. Cherchez le garçon, vous trouverez des femmes, ici exclusivement arabes. Elles sont au nombre de quatre, qui se vendent ou qui