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Libération
Critique

Grands frères Coen

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publié le 21 mai 2007 à 7h52

Ces huit dernières années, la maison Cohen avait pris à ce point l'eau qu'une adaptation par les deux frangins du Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme, dernier roman traduit en France de l'immense Cormac McCarty, pouvait passer pour une pure folie, leur ultime tentative de résurrection. Rien, non, ne serait pardonné à ce film de la dernière chance. Au terme de deux heures haletantes d'une projection de presse où on pouvait sentir le souffle tendu de chaque journaliste accrédité, les Coen sont redevenus grands. Eux, qui (en plus de leur Palme d'or 1991 pour Barton Fink) ont déjà remporté trois fois le prix de la mise en scène à Cannes, n'ont jamais donné à ce point une leçon de mise en scène. Une leçon à la hollywoodienne, préoccupée en permanence par l'émotion du spectateur, suivant un découpage qui ne vous lâchera pas tant que vous n'aurez pas été terrassé par une alerte cardiaque. Le film n'en milite pas moins pour que se dégage un horizon renouvelé du film de genre (lequel choisir pour baptiser No Country ? Descendance de western mâtiné de réflexions philosophales ?).

Coulée noire. Tout y travaille : la sécheresse des informations, l'extraordinaire pulsion qui hante cette chasse à l'homme, la coulée noire qui inspire les plans, enlevés par un souffle presque inédit chez eux (et qui n'est pas sans rappeler le tournant esthétique pris par Gus Van Sant)... Tous ces éléments se trouvent à la fois portés à un niveau de charge maximum tout en étant te