Tokyo porte chance à Jean-Pierre Limosin. C'est avec Tokyo Eyes que sa carrière de cinéaste a redémarré en 1998 quand lui-même n'y croyait plus. Entretemps, il a dirigé un Cinéaste de notre temps sur Takeshi Kitano. Young Yakuza porte en lui une rencontre avec un Japonais faite à Paris : en un coup d'oeil, le cinéaste a compris qu'il s'agissait d'un parrain yakusa. A Tokyo, des mois plus tard, les deux hommes se sont revus, et, au terme d'une visite de politesse, M. Kumagai a demandé à Limosin s'il acceptait de faire le portrait d'un clan yakusa. Soit une première : un clan demandant à un cinéaste une image de lui-même en acceptant que cette image lui échappe un peu (Limosin garde le final cut). Dans le dossier de presse du film, il avoue n'avoir jamais eu le moindre soupçon d'admiration envers l'univers yakusa ni la mythologie filmée qui l'entoure. Il aime Kitano pour d'autres raisons que son port du costume noir et du gun dans Sonatine. Ce n'est pas étonnant au vu de ce Young Yakuza qui est un exercice que l'époque, qui abuse du terme, trouvera «déceptif». Il fait effectivement du grand écart entre la mythologie et le quotidien le pain du film.
Code. On voit bien, dès la naissance du projet, dans quel étau serré se retrouve Limosin : s'il accepte totalement la commande, il enfreint un code moral, celui du cinéaste. Difficile de faire rentrer dans le docu les actes qui ont nourri entièrement les fictions : meurtres, in