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Libération
Critique

Carlos Reygadas a vu la lumière

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publié le 23 mai 2007 à 7h54

Stellet Licht se traduit par Lumière silencieuse. Son titre original n'est pas en espagnol, bien que le film batte pavillon mexicain. Ce n'est pas non plus de l'allemand, mais du plautdietsch : un dialecte germanique proche du néerlandais médiéval et du flamand. Le plautdietsch est parlé par les Mennonites, une communauté néobatave prônant un pacifisme radical (quoique vaguement dégénéré), refusant de toucher la moindre prise internet, et vivant depuis 1922 au Mexique. Stellet Licht est le premier film mexicain parlé en plautdietsch. C'est aussi le troisième opus de Carlos Reygadas, jeune révolté provocateur passé aux abonnés cannois : découvert à la Quinzaine avec Japon (tourné sur les hauts plateaux mexicains) puis créant la polémique en Sélection officielle avec le très cul et très mystique Bataille dans le ciel. Et maintenant, des havres de lumières. Rien que ça. L'idée de Reygadas étant de plonger au centre de cette communauté selon des longs plans stupéfiants de beauté, inspirés de la photographie plasticienne contemporaine (Jeff Wall en tête).

Plonger est une chose, mais savoir quoi y chercher en est une autre : Reygadas ne traque qu'une chose dans ce Mexique qui décidément le fatigue : le protestantisme batave et sa version cinéphile la plus connue, Carl Th. Dreyer. Son idée de l'exotisme le plus radical serait d'arriver à refaire Ordet en plein ciel mexicain. Vous ne savez plus où vous êtes ? Rassurez-vous, Reygadas non plus.