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Libération
Critique

Dans l'intimité de l'«OEuf»

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publié le 23 mai 2007 à 7h54

On l'avoue sans fard : on ignorait tout, hier encore, du réalisateur turc Semih Kaplanoglu. Ce cinéaste quadragénaire, critique d'art à ses heures pour le quotidien stambouliote Radikal, manigance l'intrigant projet d'une «Trilogie de Yusuf» (OEuf-Lait-Miel) dont voici le premier volet.

Elégant. Yumurta («oeuf»), donc, est l'histoire d'un fils en deuil de sa mère et qui revient dans sa campagne natale pour l'enterrer. Dans la maison familiale, il trouve la jeune et belle Ayla, une inconnue que sa mère avait installée à demeure depuis quelques années pour, suppose-t-on, l'assister. Ayla (la très bonne et très belle jeune actrice Saadet Isil Aksoy) est l'objet de toutes les convoitises de la part d'un jeune et bel électricien voisin, dont elle n'a cure. Comme beaucoup d'autres gens du village, Ayla voue une admiration muette et fascinée à Yusuf qui, lui, vit dans la grande ville, possède une librairie et a eu l'honneur de quelques articles flatteurs dans la presse turque lorsque ses premiers travaux en poésie furent publiés. Car Yusuf s'est longtemps rêvé écrivain, mais le poète n'aimait pas ce qu'il écrivait, et il a donc reposé définitivement sa plume.

Formellement, Yumurta développe ce que l'on est tenté d'appeler un style turc, si une telle chose existe, qui l'apparenterait facilement au maître Nuri Bilge Ceylan : amplitude des cadres, élégie du paysage, lenteur et précision, temps laissé au temps... Il ne possède sans doute pas encore toutes les