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Libération
Critique

«La France» à travers chants

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Quinzaine des réalisateurs. Serge Bozon filme, sans faire d'histoire, des soldats déserteurs et presque fantômes.
publié le 24 mai 2007 à 7h55

Son titre, bien évidemment, fait peur. Les jours se prêtant au malentendu, il faut préciser d'entrée de jeu que dans la France, on chante beaucoup, mais assez peu des airs cocardiers. Bozon préfère les fragiles ballades aux grands hymnes patriotes de nouveau dans le vent. Une forme sur mesure concernant un film lui-même baladin, en constant déplacement, pris en flagrant délit de déroute. La France de la France est un espace fantôme, qui vient de si loin : 1917. Pauvre France enlisée ­ en dehors des travées de boue, on n'y croise guère âme qui vive. Des fois, aux détours d'un sous-bois, une patrouille. Un peu perdue, forcément perdue. Laquelle, à son tour, fait la rencontre d'un gosse, gavroche des champs, poil-de-carotte : un Tintin, un Petit Chose asexué. Et pour cause, le Petit Chose est aussi une grande fille, Camille, suffisamment héroïque pour décider de se transformer en un être indéfini (Sylvie Testud, cette Adèle Blanc-Sec gender) en quête d'un mari soldat porté disparu au front. Une Belle des champs devient un homme parmi les hommes, un poilu par amour pour son époux : il n'y a plus de doute, cette France-là en vaut d'autres, ô combien, et nous plaît d'autant mieux, avec ses airs d'atomes flottants dans une nature explosée.

Retrouver quelqu'un dans la boue, autant chercher une paille dans une meule de foin. Quel film faire avec ça ? Un western désarmé, peut-être. Bozon, que l'on savait aventureux (voir Mods, son traité des élégances et des