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Libération
Critique

Le monde dans tous ses états

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publié le 25 mai 2007 à 7h57

On peut trouver le titre de ce film de commande maladroit, ou d'une ambition ridicule : l'Etat du monde ­ en six petits films ! Et puis quoi encore ! Mais la liste des cinéastes invités par les Portugais de la Fondation Calouste Gulbenkian à répondre à cet état des lieux forcément préoccupé (faut dire, y a de quoi), demande à ce qu'on s'y intéresse d'urgence. Le Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, le Portugais Pedro Costa, la Belge Chantal Akerman, le Chinois Wang Bing, le Brésilien Vicente Ferraz, l'Indienne Ayisha Abraham.

Fantômes. Rassemblés, ils formeront à coup sûr une cartographie pas tendre du tout. Mettons de côté assez vite Ferraz et Abraham : non que ce qu'ils ont à nous dire ne nous intéresse pas, mais bien qu'ils accusent, face aux quatre autres mousquetaires, une maîtrise moins certaine de la mise en scène. Germano, le court métrage de Ferraz, tente une parabole sur la fin de la pêche artisanale dans la baie polluée de Guanabara. Dans One way d'Abraham, un agent de sécurité posté à demeure dans un sous-sol d'immeuble raconte par le menu ses voyages désormais lointains au Népal et en Inde.

Les affaires se corsent autrement avec Brutality Factory de Wang Bing. Le Chinois a su retrouver avec la fiction la même étrangeté qui passionnait tant dans son documentaire de neuf heures A l'ouest des rails. A l'intérieur d'un immeuble industriel tombant littéralement en ruine, des opposants au régime chinois sont attachés à des poteaux e