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Libération
Critique

«Train de nuit» antonioniesque

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publié le 26 mai 2007 à 7h57

Si l'on veut se rendre compte de la situation objective du cinéma chinois contemporain (et de sa survie avec et sans la Chine), Train de nuit livre sa poignée d'informations fiables. Voici un film coproduit avec l'aide étrangère (présentant même une configuration inédite : Hongkong, Etats-Unis, France) et dont on soupçonne, au détour de quelques plans tout en sensualité, que parmi les mille et une démarches obligatoires à toute production sino-cinématographique, une a été oubliée ­ par étourdissement, sans doute ­ : la présentation à la commission de censure. Train de nuit observe les limites entre le politique (entendre : le domaine de la répression) et l'intime (la liberté des yeux pour pleurer) : ici même, la surveillance permanente qui menace les couples adultères.

Aventures. Wu Hongyan, l'héroïne du film, est une trentenaire aux traits réguliers mais à l'expression sévère, fermée. Sans doute parce que, à travailler toute la semaine comme huissier de justice dans un tribunal chinois, elle voit beaucoup de femmes de sa génération envoyées à la mort (par exécution) pour crimes passionnels. De son côté, Wu n'a pas une vie sage. Elle collectionne les aventures, sinon les déceptions. L'universalité de la lâcheté masculine ajoutée à une certaine forme de machisme en vogue en Chine n'aide pas à bâtir une relation qui soit autre que de brèves et sèches rencontres.

Dans la famille «il n'y a pas de rapport sexuel», Wu en connaît un rayon, jusqu'au jour où surgit dans