Voilà plus de dix ans que Catherine Breillat porte en elle le rêve d’adapter Une vieille maîtresse, certainement le projet qui a rencontré le plus d’obstacles sur sa route de cinéaste, qui en a pourtant connu beaucoup. Les raisons d’un tel délai sont nombreuses : techniques, financières, objectives. Mais, après l’avoir enfin vu, on comprend qu’il y avait une nécessité subjective supérieure à ce long détour : pour porter Une vieille maîtresse à l’écran, il fallait non seulement que Breillat ait de l’état de maîtresse une grande expérience (ce dont on n’a jamais douté), mais aussi qu’elle soit elle-même plus vieille, ce qu’elle nous pardonnera de remarquer.
Ce que l'on voudrait signifier par là, c'est que ce film est incontestablement celui d'une nouvelle maturité pour la cinéaste d'Une vraie jeune fille et de Romance : le changement de registre, de style et de regard est complet, radical et, du point de vue de la trajectoire de l'artiste, révolutionnaire.
Faiblesses. Troisième et dernier opus de la sélection française pour la compétition, Une vieille maîtresse pourrait avoir, sur le papier, les apparences d’une production littéraire et costumée grand genre, caractéristique de ce que la presse étrangère, implacablement, nous reproche. Les apparences, une fois encore, sont trompeuses. Mieux qu’une adaptation du chef-d’oeuvre de Jules Barbey d’Aurevilly, Breillat en propose une lecture, le film se réclamant autant de la littérature (orfèvr