Cinéaste argentine d'une trentaine d'années, Ana Katz a réussi vendredi à séduire le public avec un film au charme pourtant ingrat, égocentrique mais malicieux, où elle se met en scène dans le rôle d'une insupportable jeune femme dépressive et casse-pieds. Tellement pénible, d'ailleurs, que son boy-friend la plante après deux minutes de film, la laissant seule au bord d'une route, comme deux ronds de flan, interdite et stupide devant le spectacle de l'autocar d'où il n'est pas descendu. Ils devaient passer quelques jours de villégiature au bord de l'océan, mais c'est finalement seule qu'elle va devoir inventer ses vacances.
On comprend ce boy-friend. Inès est ce qu'on appelle une fille chiante, pleurnicharde, inconséquente, et qui passe son temps à créer des problèmes, de préférence là où il n'y en a pas. A peu près tous les personnages qu'elle va croiser pendant son séjour en feront l'expérience amusée ou grinçante, malgré la bonne volonté générale pour aider cette jeune femme en perdition manifeste.
Le ton d'Une fiancée errante est tout à fait curieux, décalé, imprévisible. L'adéquation entre l'héroïne principale et son auto-mise en scène confine même parfois au jeu dangereux : l'image ne fait pas la belle, la lumière est grise, les personnages sont d'un style à première vue banal et négligé. Mais, progressivement, quelque chose se passe. Le regard que la cinéaste porte sur elle-même et qu'elle nous impose parvient à susciter une bienveillante perplexité et finit même