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Libération
Interview

«On me croit sulfureuse, je suis aussi romantique »

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publié le 30 mai 2007 à 8h01

Admettons qu'Une vieille maîtresse soit une adaptation de Barbey d'Aurevilly en costumes plus ou moins d'époque. Auquel cas, on pourra toujours faire semblant de trouver le nouveau Breillat anodin ou ennuyeux, comme si elle n'avait pas tenu compte du «sang coagulé» dont Barbey crucifie la passion entre la capiteuse Vellini (Asia Argento) et le scandaleux Ryno de Marigny (Fu'ad Ait Aattou).

Aussi bien, ce qu'on retient de ce film apparemment plus classique, c'est un sens du sacré intact, tel qu'on l'expérimentait déjà dans Romance ou A ma soeur !, une attraction irrésistible qui est à la fois une répulsion. Breillat agence une invraisemblable tectonique de visages, de bouches, de tremblements de lèvres. La sainte face est ici le clou du spectacle, celle de la révélation Fu'ad Ait Aattou, en particulier. Asia Argento prouve de son côté qu'elle est la dernière des grandes tragédiennes, capable de hurler et gesticuler sans faire ricaner personne. Il n'y a ni vice ni vertu, pas même une faute, simplement une «fascination de l'être entier, qui n'est précisément ni dans l'esprit ni dans le corps ; qui est partout et nulle part», dixit Barbey. Parmi les rejetons du romantisme, Breillat a privilégié dans son traitement le symbolisme contre le réalisme. Elle nous explique son choix.

Une vieille maîtresse stigmatise la réaction bourgeoise du XIX e siècle et regrette la liberté du XVIII e siècle. Est-ce un commentaire d'actualité brûlante ?

Si mes films d