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Libération

Pialat, l'oeil du cyclone

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publié le 30 mai 2007 à 8h01

Donc, dès le festival bouclé, les films «cannois» se bousculent au premier portillon du mercredi, sans bien mesurer le risque qu'ils prennent et qui rappelle celui couru par les troupeaux migrateurs d'Afrique à l'heure de traverser le fleuve : une superbe inconscience grégaire où, face à l'entonnoir du gué, la masse inconsciente et fataliste se prépare sans broncher à la perte de quelques âmes dans les inévitables tourbillons. A chacun de compter sur sa bonne constitution et malheur aux faibles, aux traîne-savates, aux fragiles.

Les films de Cannes, justement, ne sont pas tous de même nature. Ainsi de Maurice Pialat, l'Amour existe, présenté en sélection officielle, au cours d'une de ces séances spéciales qui ont émaillé l'opération du soixantième anniversaire, et qui lui aussi tente aujourd'hui l'aventure d'une sortie (très limitée) en salles.

Dans le contexte cannois, la nature de ce film hommage à Maurice Pialat était très différente des autres : sa qualité de documentaire d'abord ; le fait qu'il brosse le portrait d'un cinéaste ensuite ; le rapport même que ce cinéaste a entretenu avec le cinéma français en général et avec le Festival de Cannes en particulier, enfin.

«Si vous ne m'aimez pas ; je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus» : ce n'est sans doute pas la plus profonde ou éblouissante des déclarations de Maurice Pialat, ni la plus percutante des engueulades qu'il ait lancé à la face de ses ennemis, mais c'est certainement la phrase qui reste a