En général, il vaut mieux se méfier. Un type qui arrive en disant «Je suis votre ami» ou «N'ayez pas peur» a plutôt l'intention de vous planter dans le dos. Un film qui se prétend comédie drôle fait souvent pleurer d'ennui. On mesure donc ce qu'aurait pu rater l'acteur Robin Renucci en intitulant son premier long métrage Toujours en vie, sous-titré «Qui a dit que nous étions morts ?».
Or, que nenni, ce film-là est en pleine vie, parfois au point de filer le tournis. D'abord parce que c'est un témoignage au lieu d'une préméditation. «A l'origine, explique Renucci, il y a les Rencontres internationales de théâtre en Corse que j'ai initiées en 1998 pour développer la création et l'imaginaire dans un village de montagne enclavé, progressivement déserté par ses habitants.» Ateliers d'écriture, création collective, couillonnade entre potes : de tout cela, Sempre vivu ! se souvient. Le résultat est assez foutraque, mais honnêtement assumé et plus intéressant donc qu'une escroquerie lisse. Il y a des brebis au milieu de la route, une mamie qui court à tort, à travers et en bigoudis, un choeur de vieilles qui déraille sur Antigone, le tout en langue corse sous- titrée.
Le moins qu'on puisse dire du style de Renucci, c'est qu'il surprend. Maladresse ou plans décadrés pour, comme il le revendique, «souligner l'étrangeté», le coq-à-l'âne visuel répond à la farce de l'intrigue. La Corse est vraiment terre de contrastes, du moin