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Libération
Critique

Contre-histoire de l'Amérique

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publié le 4 juillet 2007 à 8h39

Punishment Park n'est jamais resté que qua-tre jours à l'affiche à New York. C'était en 1971, et le film fut aussitôt interdit par les autorités. Il n'en est pas moins devenu immédiatement un monument de la contre culture : dans les semaines qui suivirent, on pouvait déjà trouver un disque de Cold Blood, un obscur groupe de blue eyed soul hyper politisé dont la pochette citait directement le film, avec sa cohorte de contestataires enchaînés en plein désert. L'Amérique qui lisait Rolling Stone s'est mise à brandir ce film que l'administration Nixon avait jugé dangereux pour la nation, l'accusant de diffuser une fausse image des Etats-Unis.

Pourtant, il y a quelques jours à peine (et on goûtera la coïncidence à l'heure où le film ressort en France), la CIA a admis l'existence de dossiers secrets concernant la mise en détention abusive d'opposants à la guerre du Vietnam. Soit rien moins que le postulat de base du film de Watkins. Qui part d'un point historique, un amendement à la constitution, le McCaran Act, qui autorise le gouvernement fédéral à placer en détention sans en référer au Congrès toute personne susceptible de mettre en péril la sécurité intérieure. Le McCaran act date des années 50 mais il a été utilisé pour la première fois par Richard Nixon en 1970 pour opérer des arrestations en nombre dans les milieux contestataires.

Partant de cela, Watkins a imaginé quelle punition horrible un gouvernement répressif pourrait proposer aux rebelles politiques : soi