Menu
Libération
Critique

Permis de démolir

Article réservé aux abonnés
publié le 4 juillet 2007 à 8h39

Il y a dix-huit ans au festival de Locarno, les étoiles s'allumaient dans les yeux des fidèles de la rétrospective maison consacrée au réalisateur américain Preston Sturges. «Qui ça ?» répondait l'écho des montagnes suisses. Sturges, Preston, à ne pas confondre avec son homonyme prénommé John, réalisateur de gros succès hollywoodiens (dont les Sept mercenaires en 1960). Preston Sturges, mal connu, à l'exception de deux films : les Carnets du major Thomson, son dernier et mauvais film tourné en France en 1955, et les Voyages de Sullivan, 1941, narrant les désarrois d'un réalisateur de comédies à succès (Joel McCrea) dès lors qu'il entreprend une expédition incognito dans le lumpen américain. La rétrospective organisée par la cinémathèque est donc une bonne occasion de se vivifierrau contact d'une oeuvre pour beaucoup oubliée et qui constitue cependant une sorte de chaînon manquant et sans suite, entre Lubitsch et Capra. Un rien de biographie donne une idée du zigomar. Sturges naît à Chicago en 1898. Commentaire de l'intéressé sur ses géniteurs : «Mon père n'a jamais su ressembler à un mari, mais il faut se souvenir qu'il fut l'un des tout premiers qu'épousa ma mère et quelle fit mieux par la suite.»

Rouge à lèvres. Le jeune Preston suit son extravagante maman en Europe à la veille de la première guerre mondiale. Elle ouvre à Paris un salon de beauté, le salon Desti, et côtoie le gratin de l'intelligentsia dans le coup (Diaghilev, Monet, Isado