Depuis 1978, soit depuis le jour où il a pris la relève du pape des gros poumons, l'innommable Russ Meyer, pour réaliser The Great Rock n'Roll Swindle (la Grande Escroquerie du rock n'roll), Julian Temple, documentariste iconoclaste, ressort toujours la même référence au moment d'aborder la question punk : un gros dessin animé. Le punk fut un cartoon, débraillé. Dans lequel on retrouvait quelques grands méchants loups bien surexcités, les Sex pistols, et quelques bons soldats. Joe Strummer était le patron des bons soldats. Des sept nains, il était le nain sandiniste. Et tant pis si le punk politisé, en rang d'oignon derrière lui, ressemblait parfois à l'armée mexicaine. L'annonce de la mort de Strummer il y a trois ans a sonné Temple au point qu'il a commencé à fouiller dans les archives inédites, les siennes, celles de la famille, celles du clan Strummer. Et puis il a cherché une fois encore la bonne idée, le dispositif qui, autour de ces archives inédites, raconterait le leader des Clash décédé. Et Temple a trouvé. Un truc tout simple mais d'une richesse interprétative infinie : un feu de camp autour duquel il a invité anonymes, compagnons et stars sous influence au cours d'une nuit infinie en bord de Tamise.
Dérive. Dans cette image du feu de camp, on peut apercevoir Strummer en louveteau rock portant seul la flamme politique, les nuits bab'à la belle étoile de ses années de voyages et de squats, le feu punk dans son ensemble, puis la croisée des chemins trav