Avec le temps, la fatigue sera devenue le plus cher sujet du cinéma asiatique et le hongkongais Johnnie To est en passe d'être élu après désamour pour le chouchou d'hier, Wong Kar Wai, devenu sa propre caricature au fil des années comme étant le cinéaste qui poussera peut-être le bouchon le plus loin. Drôle de position que celle de To aujourd'hui, si on se souvient l'avoir au début, confondu avec John Woo, complètement perdu dans le triangle des Bermudes depuis son séjour à Hollywood, puis avec Takeshi Kitano (avec qui il partage une certaine bouffonnerie assumée). Comme eux, l'énergie qui l'occupe est pure dépense, mais c'est précisément dans cette profusion de films (pas moins de 41 en 25 ans !) qu'il s'assume. Le maniérisme des débuts comme du milieu est le signe extérieur d'un cinéma qui ne carbure qu'à l'épuisement.
Fatalité. Un jour, il apparaîtra clair aux yeux exorbités d'un universitaire plus malin que les autres que le seul descendant de Beckett digne de ce nom est cet ahuri de Hongkong qui ne réfléchit pas, ou du moins le fait-il croire, qu'à coups de décharges de pruneaux en plein front. A ce stade Exilé est son Godot. Une bande de mecs, des tueurs, des vieux de la vieille, bientôt la quarantaine, autant dire des survivants dans ce métier, se rendent chez un ancien collègue de fusillade. Ils doivent le descendre, il a trempé dans un mauvais plan. Mais voilà, le premier signe de la vieillesse chez un mafieu, c'est lorsque l'endurci se découvre sen