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Libération
Critique

Crack et tableau noir

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«Half Nelson», un petit campus-film dissipé couvert d'honneurs.
publié le 18 juillet 2007 à 8h50

Grand Prix à Locarno, prix du jury à Deauville, meilleur film, meilleurs acteur et actrice à Sundance, grand prix à San Francisco, Half Nelson, le premier film de Ryan Fleck nous arrive escorté d'un camion benne de récompenses glanées dans les festivals internationaux. C'est assez surprenant, car voilà un film qui ne paye pas vraiment de mine et dont la relative morosité du regard sur le monde ne pousse pas à l'exaltation et à la distribution de bons points.

Mais c'est précisément cette humeur chagrine mêlée à une critique du manichéisme américain qui a attiré sur cette production indé les lauriers successifs et pour l'acteur principal, Ryan Gossling, une nomination aux oscars dans la catégorie meilleur acteur. Crack. Half Nelson se déroule à Brooklyn dans un collège. Dan Dunne est prof d'histoire, d'une classe de 13-14 ans, essentiellement blacks et latinos. Au lieu de suivre le programme, il s'est lancé dans un cours sur le moteur de l'histoire, l'affrontement des contraires, les poussées dialectiques par renversement de tendances (la minorité devenant majoritaire). Un rien ardu pour d'aussi jeunes élèves mais Dan, jeune, mignon et cool, s'en sort plutôt bien.

Le soir, le prof hégélien se transforme en zonard défoncé au crack, imbibé de whisky. Une élève, Drey (Shareka Epps), le surprend dans les toilettes, à demi-conscient, une pipe de crack à la main. Une relation se noue entre ce blanc éduqué junkie et l'adolescente black, dont le tuteur, Franc