Rome, 1944. Des soldats allemands encerclent un immeuble. Ils y coincent Francesco, un typographe communiste. Qu’ils hissent dans un camion plein de prisonniers. Pina (Anna Magnani), la compagne de Francesco, court vers lui en hurlant. On la voit longuement de l’arrière du camion. Jusqu’à ce qu’un soldat allemand lui tire dessus, la tue et que son corps désarticulé s’affale sur le sol. Cette séquence, ou plus exactement ce plan-séquence bouleversant, travelling filmé comme dans un reportage, caméra embarquée à l’arrière du camion, sans changement d’axe, est la plus célèbre de Rome, Ville ouverte (1945). De ce qui est longtemps passé comme le premier film de Roberto Rossellini et reste pour beaucoup le manifeste du néoréalisme. On y voit à l’œuvre ce qui plaira beaucoup au critique français André Bazin, un montage réduit au minimum, qui, pour le père spirituel de François Truffaut, permet à une réalité sans apprêt de se manifester pleinement. Cette façon de faire du cinéma ne sera vraiment reprise que des années plus tard, par la Nouvelle Vague française, qui reconnaîtra en Rossellini son maître, puis par une grande partie des nouveaux cinémas qui éclateront dans le monde au début des années 60 (Cinema Nuovo italien, Cinema novo brésilien.). Aujourd’hui, dans la vulgate, cette scène a gardé son caractère fondateur du «néoréalisme» et du cinéma moderne. Rossellini l’a tournée, comme tout son film, juste quelques mois après les faits dont elle s’inspire. A une époque marquée pa
Série
Le nouveau cinéma aux portes de «Rome,Ville ouverte»
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par Edouard WAINTROP
publié le 31 juillet 2007 à 8h58
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