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Libération

Asta Nielsen, bombe du muet

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Redécouverte au récent festival de Bologne, la sulfureuse Danoise rivalisa avec Garbo avant de disparaître.
publié le 1er août 2007 à 8h59

Une furie en robe de satin noir décolletée des plus suggestives tourne autour d'un statuesque gaucho de music-hall, l'encercle et le ligote au lasso, puis se frotte contre lui d'une manière inconcevable, seins contre ventre, fesses contre bite. Une lap-dance dans un club de strip d'aujourd'hui, d'accord ; mais dans un film muet danois de 1910 ? C'est pourtant ce qu'on a pu voir au festival de Bologne, début juillet. Le titre du film, Afgrunden, ne signifie pas «l'abysse» pour rien. Le reste de l'histoire est à l'avenant : la furie devient jalouse de l'autre vedette du spectacle, qui elle aussi montre pas mal de cuisse. S'ensuit un crêpage de chignon en règle, et le renvoi du duo (le gaucho, Poul Reumert, deviendra vingt ans plus tard un assez grand acteur du parlant danois). A la dernière bobine, Magda Vang n'est plus qu'une ruine de femme jouant du piano dans un Biergarten, et finit par trucider son ancien amant.

Marque de cigarettes. C'est le premier film d'Asta Nielsen, la première grande vedette du cinéma européen, si populaire qu'on donna son nom à une marque de cigarettes (Asta). Une fille de laveuse qui, en 1912, a signé le plus juteux contrat du cinéma naissant avec Paul Davidson, qui créait alors ce qui deviendrait la Universum Film AG. Cette Danoise très remuante fit toute sa carrière sulfureuse en Allemagne, contrôlant son image comme personne, devenant, après avoir allumé tous les hommes, l'égérie des féministes en jouant des rôles d'hommes, d