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La respiration «A bout de souffle»

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Si le premier grand film de Godard est devenu l’emblème de la Nouvelle Vague, sa scène finale, «dégueulasse», en est à la fois le point d’orgue et le symbole.
publié le 2 août 2007 à 9h00

Le 17 août 1959, un réalisateur pauvre, Jean-Luc Godard, écrit à un producteur fauché : «C’est lundi, Georges de Beauregard, il fait presque jour, la partie de poker va commencer. J’espère qu’elle vous rapportera pas mal d’oseille. Je voulais vous remercier de me faire confiance. [.]J’espère que votre film sera d’une belle simplicité ou d’une simple beauté. J’ai très peur. Je suis très ému. Tout va bien.»

Cette partie de poker s’appelle A bout de souffle, dont c’est le premier jour de tournage. A l’origine, une histoire vraie annotée par François Truffaut dans France Soir : celle d’un garçon ayant volé une voiture du corps diplomatique et tué un policier en roulant vers Le Havre. Le garçon avait déjà Interpol aux trousses pour une attaque de drugstore aux Etats-Unis où il avait séjourné. Sur le bateau qui le ramenait en France, il avait fait la connaissance d’une séduisante journaliste américaine. Truffaut s’était mis à rêver que Michel Portail avait volé cette voiture pour rejoindre l’Américaine. Il en avait fait un scénario de quelques feuillets, qui passa de mains en mains à partir de 1957. A Cannes, en 1959, Les 400 coups cassent la baraque et tout le monde veut profiter de l’écume de la Nouvelle Vague. Truffaut recommande en tout premier lieu Godard, son comparse aux Cahiers du cinéma, à Georges de Beauregard tout en lui faisant don de ce scénario vieux de deux ans. Jean-Luc Godard, se sent prêt à tourner pour l