La comédie moyen-orientale est une forme à part dans le régime général des images : elle consiste à filmer des sexagénaires grimaçants tombant nymphettes en se montrant ouvertement spirituels. On aime beaucoup, sans toutefois se tenir réellement au courant des avancées formelles du genre (on peut néanmoins vous confirmer que les cols de chemises pelle à tarte sont toujours de rigueur). Or, Caramel est une comédie arabe. Toute ressemblance avec les calamitées décrites ci-dessus s'arrête là : Caramel est réalisé et joué par Nadine Labaki, la trentaine, belle plante brune au visage grave, qui en est également l'héroïne principale.
L'oeuvre a tout du film piégé : ça avance vers vous l'air de rien, en jouant les modestes, petite friandise de rien du tout, mais à la sortie, vous réalisez qu'un film vous a glissé à l'oreille quelques trucs salés sur la société qui l'entoure. En l'occurrence, toute une société civile libanaise, moderne, mixte (fille/garçon, chrétiens/musulmans), relativement libre, totalement contradictoire (la religion contre la sensualité à tout crin), merveilleusement déboussolée (et menacée).
Exagération. Caramel se déroule à l'intérieur d'un salon de beauté. On pourrait hurler au piagat intégral de cette pauvre Tony Marshall. sauf qu'ici, la transposition du Vénus Beauté (Institut) en plein Beyrouth a du sens : il résume comme personne la société libanaise et sa façon unique de faire salon comme au temps du protectorat. Quiconqu