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Libération
Critique

Deux polars en miroir

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publié le 22 août 2007 à 9h17

L'un porte chapeau mou, l'autre pas. Les deux nouvelles livraisons noires de Carlotta, Criss Cross et la Clé de verre, aussi disparates que leurs vedettes respectives, sont deux cas à envisager sous l'angle de la «politique des studios». La Clé de verre s'ouvre par deux plans qui semblent issu du Great McGinty, premier film de Preston Sturges sorti en 1940 : même ­tonneau ambulant (Brian Donleavy) qui joue le même gangster-politicard, mêmes comparses, même ton badin. Et il se termine par une scène qui pourrait conclure une comédie sentimentale de Mitchell Leisen. Entre les deux, existe bien «la  meilleure adaptation de Dashiell Hammett», comme le claironne Carlotta, mais «with a little sex», pourrait-on ajouter comme Sturges, qui, dans les Voyages de Sullivan, se payait la tête de ses employeurs à la Paramount. Laquelle est au coeur du sujet.

Pincettes. Dans sa présentation de la Grande Horloge (dans la même série), Bernard Eisenschitz remarque que Paramount, les rares fois où le studio se résignait à produire des films de genre tels le noir ou le western, se sentait obligé de prendre des pincettes en les affublant des frous-frous et dialogues Chantilly. Seuls Billy Wilder et Chandler sauront se protéger de cette politique du succès, avec Assurance sur la mort, inventant du même coup le moule du film noir à venir.

Mais la Clé de verre se fait deux ans avant, et on y retrouve cette attitude pas franche du col