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Libération
Critique

Lignes de fuite

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Dans «Boarding Gate», Olivier Assayas filme Asia Argento en maîtresse SM, sur un scénario inspiré par le meurtre en Suisse du financier Edouard Stern.
(DR)
publié le 22 août 2007 à 9h17

Olivier Assayas avait rêvé Boarding Gate comme une récréation. Un film d'action, tourné à la volée entre Paris et Hongkong en six semaines, pas plus. Un parangon de série B. Une jolie fille, des flingues, deux villes que tout oppose, un scénario en fuite, une équipe réduite au strict nécessaire. La formule, allégée, lui avait réussi à merveille une fois déjà lorsque, se sentant pris dans l'impasse du jeune cinéma français, il en avait fait exploser l'horizon en invitant une actrice du cinéma d'action asiatique (Magie Cheung) à revisiter à toute vitesse l'imaginaire de Louis Feuillade. Irma Vep signa en 1994 la seconde naissance d'un cinéaste à part dans le cinéma français, et avec elle le début d'une esthétique se baladant où elle veut : chez elle dans le Limoges de Chardonne comme dans les arcanes du cinéma asiatique.

Echéances. Assayas, cinéaste faux-fuyant, nourrit activement sa propre fugue. Il y a longtemps maintenant que son cinéma rebondit sur deux profils antagonistes : son horreur du moyen (qui chez lui doit être synonyme de ce que représente symboliquement le cinéma français produit intégralement par le système) l'amène à alterner des projets ambitieux, lourds à gérer (les Destinées sentimentales, Demonlover), et des films maigres (Irma Vep, Clean). Comme si les oeuvres maigres le guérissaient de son besoin de s'affronter à la pesanteur.

Boarding Gate commençait sur ce besoin chronique de redevenir léger.