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Libération
Interview

«Avorter représentait un défi au régime»

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Le réalisateur Cristian Mungiu revient sur son ancienne vie sous Ceausescu, l'évolution de la Roumanie et la consécration cannoise.
publié le 29 août 2007 à 9h23

Satire décapante et tendre du rêve de départ à tout prix des jeunes Roumains dans l'après-communisme, Occident avait été sélectionné à Cannes en 2002 pour Un certain regard. Profondément différent dans le style et le ton mais tout aussi grinçant, ce second long-métrage de Cristian Mungiu a décroché cette année la palme d'or. 4 mois, 3 semaines, 2 jours raconte le drame de l'avortement dans les dernières années de la dictature des époux Ceausescu. Ce fils d'un professeur de pharmacologie et d'une enseignante de roumain, né à Iasi (nord de la Roumanie), a étudié l'anglais avant d'être pris par la passion du cinéma. Rencontre.

C'est un film sur le communisme ?

Avant d'être un film sur le communisme ou l'avortement, c'est d'abord un film sur mes 20 ans. J'appartiens à cette génération très fournie de jeunes Roumains qui ont été obligés de venir au monde par la politique nataliste des époux Ceausescu. En 1966 a été publié un décret interdisant l'avortement. On nous appelait les decretei ­ les petits du décret ­ et nous avons repris ce surnom à notre compte. Toute notre vie en a été marquée : ma soeur, un peu plus âgée que moi, était à l'école dans des classes d'une vingtaine d'élèves. Ceux de ma génération et moi-même nous étions près de cinquante par classe. Ce n'était pas facile, car partout et tout le temps nous étions en surnombre. C'est cette période que j'ai voulu raconter au travers du catalyseur de l'avortement.

En quoi cette question de l'avortement est