Panoramique sur les gratte-ciels de Manhattan, la nuit. La caméra s'arrête sur un immeuble, un peu plus éclairé, plus beau aussi que les autres. Elle s'en approche puis pénètre dans les couloirs, cadre un homme aux abois, qui se cache et est comme prisonnier de ce bâtiment.
C'est George Stroud. Au bout de cinq minutes de film, il se remémore comment il en est arrivé à être enfermé au coeur de l'immeuble et plus précisément de la grande horloge qui donne son rythme et son cachet au vaisseau amiral de l'empire de presse Janoth.
Fluidité. Flash-back d'anthologie : une heure et quart pour nous permettre de revenir au sources d'un meurtre. Nous ressentons vite qu'avec ce film, nous nous trouvons devant l'équilibre presque parfait entre les lois d'un genre bien réglé et les audaces d'un metteur en scène. Dans la Grande Horloge, John Farrow use en effet de tout ce qui à l'époque fascine les hommes de l'art un peu aventureux : le flash-back donc, et aussi les plans séquences, qui sont ici d'une longueur et d'une souplesse étonnantes.
Pour arriver à ses fins, Farrow a pu bénéficier dès le départ d'un roman plutôt réussi signé par Kenneth Fearing, un écrivain et poète né à Chicago. Puis de son adaptation dialoguée par l'excellent Jonathan Latimer (auteur du Gardénia rouge, des Morts s'en foutent, de la Corrida chez le prophète), lui aussi de Chi'. Il a pu également compter sur des pointures comme le musicien Victor Young (celui de la Clé de verre, qui