Menu
Libération
Critique

Hurt de bric et de Brooks

Article réservé aux abonnés
publié le 29 août 2007 à 9h23

Depuis sa prestation particulièrement flippante dans A History of Violence, il est probable que William Hurt soit régulièrement sollicité pour des rôles de salopard fini. Il va peut-être finir par le regretter, mais pour l'instant, il atteint une sorte de perfection dans l'art de glisser une menace dans chaque phrase et de susciter la peur dans chaque regard. Dans le film de Cronenberg, il était un chef mafieux d'une cruauté infinie et c'est à peu près la même partition qu'il livre pour ce Mr Brooks. Avec une différence notable, ici il n'est pas humain. Il n'existe même pas.

C'est le mauvais génie d'un homme d'affaires (Kevin Costner, dans son énième come-back) qui le voit (et nous avec), discute, plaisante ou s'engueule avec lui. Il est tout à la fois sa mauvaise conscience et la matérialisation d'un vice caché. Car lorsque ce businessman ne fait pas tourner sa boîte qui engrange des millions de dollars, il est tueur en série. Son truc, c'est de se glisser nuitamment dans l'appartement d'un couple, de les surprendre en pleine partie de pattes en l'air puis de leur coller une balle en pleine tête. Ce léger handicap tourmente évidemment notre homme qui, par ailleurs, mène une existence exemplaire. Bon patron, bon mari, bon père, le tout en version américaine pur sucre. C'est pourquoi il aimerait bien se débarrasser de cette fâcheuse habitude comme d'autres voudraient cesser de se curer le nez pendant les repas.

Tout le film, en dehors de quelques séquences à suspe