Lussas envoyée spéciale
Robert Bresson disait «Filme ce qui sans toi ne serait pas vu». Ce conseil est maxime de survie pour ces artistes un peu à part du cinéma que sont les auteurs de documentaires, gens qui regardent, et qui donc font voir. Qui en font voir. Montrent de tout, de très près, ou revenant de lointains insoupçonnés. Ils retricotent le réel, le dévident, le livrent et délivrent. Ils le projettent. Ils ont sans cesse des projets dans un coin. Ils vont leur chemin assez solitaires.
Filmant pour la plupart en DV ou en 16 mm, sachant jouer des deux et parfois aussi d'archives, les documentaristes oeuvrent en intuitifs de l'attention. Ils n'évoluent pas dans le même genre d'étaux financiers, de logiques, ni de logistiques que les réalisateurs du cinéma de fiction. Peu de castings, moins d'ego. Plusieurs fois dans l'année, ces passionnés-là confrontent leurs travaux. Entre autres au centre Pompidou ou à Marseille et (fin août, assez hors du monde, au milieu des vignes et des rocailles) à Lussas, bourg d'Ardèche devenu Mecque pour les professionnels tout comme pour le public du documentaire.
Acuité. Les états généraux du documentaire demeurent une ruche à la bonne franquette qu'une centaine de bénévoles fait tourner sans vrombir. Entre université d'été studieuse et colloque démultiplié, la manifestation conduite par Pascale Paulat et Christophe Postic devait se remettre cette année de la polémique provoquée l'été passé par la déprogrammation de films israéliens s