Bucarest de notre correspondant
Les Roumains en ont assez d'attendre. Cela fait maintenant plus de trois mois que le film de Cristian Mungiu a été couronné à Cannes et il n'est toujours pas sorti à Bucarest. La première est programmée le 14 septembre, après l'Italie et la France. Quelques milliers de privilégiés ont tout de même pu voir la palme d'or lors du festival Transylvania à Cluj-Napoca, début juin, ou à l'occasion d'une projection privée à l'ambassade de France, en juillet.
Dana, élégante trentenaire, se trouvait parmi les happy few : «La scène ou l'actrice jette le foetus dans le vide-ordures du huitième étage m'a fait l'effet d'un coup de poing en pleine poitrine. J'ai revécu l'affreuse époque de Ceausescu en l'espace de quelques secondes.» Comme Dana, ceux qui ont vu le long-métrage emploient des épithètes forts, comme «poignant», «bouleversant» ou «déchirant».
«Désormais, c'est sûr, il y aura un avant et un après palme d'or», confirme Magda Mihailescu, responsable des pages cinéma du quotidien Gandul. La récompense a créé une sorte d'émulation dans la communauté des cinéastes roumains. «On sent un vrai réveil», affirme-t-elle. Une énergie palpable dans les nouveaux projets. «Les demandes de financements pour des nouveaux films ont augmenté de 20 % en 2007 par rapport à 2006», poursuit la journaliste, également membre du jury du Centre national de cinématographie (CNC), organisme qui tient une partie des cordons de la bourse