Deauville, envoyé spécial
Tous ceux qui ont jadis fini leurs nuits parisiennes au cinéma Dejazet, à revoir pour la centième fois sur l'écran froissé Easy Rider ou Woodstock dans une copie usée jusqu'à la trame, savent exactement de quoi il est question. La salle était toujours surchauffée, souvent malodorante, et un costaud patibulaire passait tous les quarts d'heure dans les travées pour réveiller ou expulser ceux qui avaient le malheur de s'endormir. Toutes proportions gardées, la programmation de qualité et le confort en plus, l'expérience des Nuits américaines de Deauville a un petit côté Dejazet du festival.
L'idée, née d'un déjeuner entre Jean-François Rauger, critique au Monde et programmateur de la Cinémathèque, et Bruno Barde, le directeur général du Public Système, organisateur du festival, est simple comme bonjour. Faire en sorte que, pendant une semaine, une salle passe vingt quatre heures sur vingt quatre des films américains. Films noirs, comédies, westerns, érotiques ou fantastiques, une soixantaine de films classiques en guise de meilleur festival du cinéma américain de tous les temps.
Pass. Lundi, à la séance de minuit au cinéma Morny, ils étaient une bonne trentaine à visionner une très bonne copie du Carrie de Brian De Palma. Ils étaient un peu moins nombreux à 4 h 30 pour the Shanghai Gesture de Josef von Sternberg et encore moins à 6 h 30 pour le King Kong de Shoedsack et Cooper. Mais, pour l'instant, pas un