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Libération
Critique

La piqûre des «Méduses»

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Caméra d'or à Cannes, ce premier film d'un couple israélien déploie les doutes et les loufoqueries de personnages flottants.
publié le 5 septembre 2007 à 9h30

Première scène. Visiblement, c'est un camion de déménagement. Un garçon part, il demande à la fille : «Tu n'as rien à me dire ?» ­ «Comme quoi ?»­ «Comme "Reste !"» Quelques caisses sont embarquées dans le camion. Batya réussit enfin à ouvrir la bouche : "Reste." Mais le camion est déjà loin, le garçon aussi. Ça commence pas terrible, enfin, on suppose. Les choses ne vont pas s'arranger. En tout cas pas tout de suite. A vrai dire, le spectateur n'est jamais tout à fait sûr de ce que ressentent les personnages. Eux non plus, c'est précisément leur problème.

Les Méduses est fait de trois histoires qui se croisent à proximité de la plage de Tel-Aviv. Celle de Batya, la jeune serveuse, qui trouve sur le rivage une petite fille mutique mais très déterminée, tout juste sortie de la mer avec sa bouée autour de la taille. Celle de Joy, l'employée de maison philippine qui s'occupe des vieux dont les enfants ne veulent plus s'occuper, et celle de Keren, la jeune mariée qui passe son voyage de noces dans un hôtel miteux.

Bateaux en papier. Il y a aussi les méduses échouées sur le sable, mais celles dont il est question dans le titre, ce sont plutôt les personnages du film, qui flottent «sans contrôle sur leurs mouvements, la vie les emmène à des endroits où ils n'avaient pas l'intention d'aller, ils sont passifs», dit Shira Geffen, 34 ans, auteure du scénario et coréalisatrice du film. L'autre réalisateur est son mari