Ironie toute particulière des guerres : il aura donc fallu trente-trois jours de conflit avec Israël à l'été 2006 pour que le jeune cinéma libanais soit l'invité d'honneur de tous les festivals du monde (le prochain en date étant le Festival d'automne à Paris). Il y a pourtant urgence à aller voir du côté du Liban pour apprécier la complexité du monde arabe, dont il est à la fois le pays plus petit, le plus divisé religieusement et culturellement et sans doute le plus meurtri. Celui qui ne sait toujours pas se conjuguer au futur. Celui qui a peine à se souvenir. Celui qui ne connaît que le présent, la vie au jour le jour.
Chaque rendez-vous beyrouthin tombe à point nommé pour faire le point sur la situation comme sur la psyché de ses habitants. Il y a pile un an, le festival de cinéma indépendant Beyrouth DC comptait les vivants, les dégâts, et organisait les retrouvailles après un mois de conflit et de dispersion. Une multitude de films tournés sur le vif, montés parfois en une nuit, sous les bombes, portaient témoignage. La salle du cinéma Sofil vibrait.
Cette année, durant la dernière semaine d'août, le festival..Né. à Beyrouth, rendez-vous annuel consacré aux formes expérimentales et aux formats courts, prend le relais et la température. Un an a passé, où en est-on ? Contraints d'annuler la manifestation l'été passé, ses trois responsables (deux producteurs, Pierre Sarraf et Wadih Safieddine et le cinéaste Nadim Tabet) l'ont entièrement repensé : les cinq premières édition