A 37 ans, Danielle Arbid a déjà fait le va-et-vient entre pas mal de frontières, qu'elles soient géographiques (née à Beyrouth, elle vit en France depuis l'âge de 17 ans) ou stylistiques : documentaires (Aux frontières,Seule avec la guerre), vidéo art (Conversation de salon). Après Dans les champs de bataille (2004), cet Homme perdu est son second long-métrage de fiction. Qu'une amie résumait ainsi : «Un film qui rend justice aux femmes qui aiment les hommes.»
Quel a été votre point de départ ?
Le film porte quelque chose d'autobiographique, si je me souviens de la violence qui m'a permis de faire, vers 17 ans, un bras d'honneur à ce qui m'entourait : un pays, une société, un milieu, une famille, tout ce carcan avec lequel je continue d'entretenir une relation passionnelle. Il m'a fallu à un âge sortir du cadre. Pour moi, concrètement, comme pour mes deux personnages, cela a signifié partir, voyager. Quitter Beyrouth pour Paris, vivre seule.
Vous vous voyez sous les traits d'un homme ?
Dans ce film, oui, ça a pris les traits d'un homme : Fouad [joué par Alexander Siddig, ndlr]. Ça a des avantages, les hommes, ça passe plus facilement inaperçu. Filmer une femme dans les pays arabes, c'est toujours possible mais tu ne peux pas la mélanger totalement à la foule. Une femme voyageuse implique tout de suite autre chose, là où un homme me permettait de pénétrer avec facilité les milieux de la nuit, de l'alcool. Je voulais un mec qui ne s