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Libération
Critique

Regard sur des regards iraniens

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Docu. A Pompidou, Kiarostami présente le lien de fascination entre public et représentation théâtrale.
publié le 21 septembre 2007 à 9h44

«Nous ne sommes rien. Nous ne sommes qu'un regard, nous ne faisons que regarder. Nous ne sommes qu'un regard, nous ne sommes rien de plus. Un vieil étang, le son d'une grenouille qui y plonge.» Parole d'un poète iranien à laquelle souvent revient Abbas Kiarostami, cinéaste aux yeux masqués de lunettes noires.

L'oeil est un organe aqueux, surface humide, l'oeil pleure. L'idée d'eau tranquille figure dans le titre du dernier film de Kiarostami Lune et étang, dédié au Japonais Ozu, pour qui «ce sont les films qui nous ­regardent». Au centre Pompidou, l'auditorium vidé de ses sièges l'espace de quelques soirs a une allure de salon oriental au sol couvert de tapis, coussins à disposition. Rendez-vous là-bas pour regarder comment des gens voient : comment voient des Iraniennes et des Iraniens qui se sont laissé regarder si intensément par Kiarostami qu'au sortir de la séance vous peinerez à émerger du songe.

A cheval. Looking at Tazieh n'est pas une séance de cinéma mais trois projections simultanées, donnant à examiner la ferveur suscitée par un rituel de théâtre religieux où des comédiens (éventuellement à cheval) commémorent le martyre d'Hossein, décapité au VIe siècle. Le Tazieh est la plus ancienne forme théâtrale en Iran. Remontant à l'ère pré-islamique, il mèle musique, paroles et mouvements selon des rituels de deuil. Il existe des milliers de versions de ce pan central de la mythologie chiite. Le Tazieh