A52 ans, Anton Corbijn est un garçon immense, à l'allure dégingandée, portant tee-shirt noir, pantalon noir et lunettes noires y compris sous le cagnard cannois. Ce type a beau passer une partie de l'année sur des shootings à Los Angeles, il a l'air de tomber direct de l'arbre. De visage, il pourrait faire un sosie crédible de Max von Sydow, ce qui est un peu surprenant pour qui ne connaissait de lui que quelques antiques autoportraits où se devinait une sorte de Hun hirsute, tout de poils. Sans doute cette nouvelle apparence lui est-elle venue avec la fonction : le 17 mai, date de la présentation acclamée de Control à Cannes, en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs, Anton Corbijn a réalisé son rêve le plus secret , être considéré comme un réalisateur de films. Et non de clips. Et encore moins comme un photographe un type qui en marre d'être lui même : il en était là.
Charbon de bois. On savait les rockeurs taraudés par la peur de vieillir, plus encore que de mourir. A force d'accompagner U2 ou Depeche Mode dans des tournées marathons, avec le mode de vie afférant, celui qui a commencé à tirer le portrait en 1974 d'une idole rock hollandaise prématurément défunte (Herman Brood) s'est mis à chercher ces trois dernières années une voie de sortie noble, mais une vie d'urgence quand même : «Une façon digne de quitter ce monde d'adolescence éternelle : cinéaste. Le film, quand on me l'a proposé, j'ai tout d'abord refusé. Je veux être pris au sérieux comme réal