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Libération
Portrait

Clémence Poésy, comme son prénom l'indique

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publié le 11 octobre 2007 à 0h42

Pourquoi la blondeur demeure-t-elle synonyme d'innocence, de retenue, de fragilité ? Pourquoi, dans une époque désinhibée et laïcisée, continue-t-on d'apparier les blondes à des ­angelots et à des chérubins ? Pourquoi, au-delà la «bêtasserie» des blagues blondes, le monde est-il toujours séparé entre le jour et la nuit, la lumière et l'ombre, la clarté et la noirceur ? Pourquoi le terrible ciel pour les blondes douces et froides, lointaines et dissimulées, et le charmant enfer pour les autres ?

Clémence Poésy est une blonde de toujours. Rien de cendré chez la jeune actrice de 24 ans qui remonte en nage indienne le cours du temps qui passe, de l'onde qui lasse, pour venir s'arrimer au «moins que son âge», à une adolescence sublimée qui finira bien par se muer en quarantaine éthérée. Rien de vénitien chez cette fille d'une tranquille banlieue, aux yeux trop clairs pour s'imaginer Vénus brisant sa coquille, aux mèches trop sages pour torsader ses désirs façon Botticelli. S'il fallait la lier à l'un de ses ­rôles, on lui trouverait des parentés avec Yvonne de Galais, l'apparition perdue du Grand Meaulnes, la rêverie disparue, et d'autant plus adulée qu'elle échappe. On l'imaginerait moins en baby-sitter fracassée d'excès et fascinant la mère bobo divorcée, comme dans Sans moi, son dernier film tiré d'un roman de Marie Desplechin.

Sinon, on la ramènerait volontiers vers le troisième épisode de Harry Potter, où elle défiait le jeune magicien. Non pour des