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Libération
Critique

En Afghanistan, une bonne histoire juive

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publié le 17 octobre 2007 à 0h51

«Il était une fois les deux derniers juifs d'Afghanistan», lit-on dans le texte de présentation de cet étonnant documentaire. Et, proclame un proverbe yiddish, qui dit deux juifs, dit trois avis et autant de synagogues. A Kaboul, où les juifs sont séfarades et ne parlent pas le yiddish, il n'y a qu'une synagogue. Cela n'empêche pas nos deux héros, fidèles à la tradition, d'être ennemis mortels.

A ma gauche, Isaac Lévy, vieillard chenu au regard émouvant, qui passe pour avoir 60 ans et en a peut-être vingt de plus. Sa femme est partie en Israël avec ses enfants dans les années 80. Il vit seul dans la synagogue désaffectée qui tombe en ruine. Ses voisins le surnomment Mollah Isaac. Parce qu'il passe pour un connaisseur en religion, qu'il joue les guérisseurs, fabrique et vend des amulettes, prescrit des médecines étranges à ceux qui viennent le voir, parfois de villages éloignés.

A ma droite, Zabulon Simantov, au moins vingt ans plus jeune, habitant lui aussi de la synagogue et compagnon de détestation de son voisin du dessus. Zabulon vient d'ailleurs et il a un peu voyagé. A Tachkent en Ouzbékistan et peut-être plus loin encore. Il commerce, ne loupe aucune fête juive ni shabbat. Il fait aussi du vin et des alcools forts à partir de raisins qu'il achète sur le marché. C'est par lui que nous apprendrons que Mollah Isaac a abjuré le judaïsme quand les talibans tenaient le pays, avant de revenir à la religion de ses pairs quand les fous de Dieu ont été chassés du pouvoir.

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