Pour son premier long-métrage, Gina Kim, réalisatrice américaine d'origine coréenne, s'est livrée à un virtuose jeu de cache-cache. Ce n'est pas trahir son film que de révéler qu'il tourne autour des problématiques du racisme ordinaire et de la discrimination sociale, mais sans jamais cesser de brouiller les codes. Avec, à la clé, un constat implacable : les riches finissent toujours par se comporter comme des salauds, surtout quand ils pensent qu'ils n'en sont pas. A commencer par l'héroïne du film, interprétée par la diaphane et charmante Vera Farmiga, qui est exactement ce qu'elle ne semble pas être, à savoir un monstre. Un monstre d'égoïsme, d'aveuglement et de mépris.
Farmiga incarne la jolie Sophie, mariée à un businessman d'origine coréenne, Andrew, certes riche à millions, mais stérile et du coup violemment dépressif. Or, comme la famille du jeune homme est bigote comme un couvent de carmélites et la considère peu ou prou comme responsable de la situation, voilà la pauvre blondinette au coeur d'un sale tourment. Elle a tout ce qu'il lui faut, un mari présentable et riche, un appartement à Manhattan qui aurait pu faire l'objet d'un reportage dans la Maison de Marie Claire, du temps libre pour s'occuper les mains, mais, voilà, il lui manque un enfant, ce petit quelque chose qui pourrait faire d'elle une femme parfaite aux yeux de tous. Comme la belle est financièrement très à son aise, elle décide de se battre contre ce destin qui, pense-t-elle, s'acharne sur ell