La justice immanente existe-t-elle ? Au bureau, un temps ne vient-il pas toujours où le cheffaillon maître du monde d’hier prend la porte qu’il distribuait la veille – les couilles écrasées et les deux pieds devant, si ce n’est pas trop en demander… Cette immanence sous-tend l’envoi de Michael Clayton : «You’re so fucked…» («Là, t’es vraiment dans la merde.»). En attendant, et d’être président des Etats-Unis d’Amérique à l’image de Reagan le mastiqueur de cactus, George Clooney est le loser de service. Il paume au jeu, endetté jusqu’au cou ; le cabinet qui sous-traite avec lui comme avocat mégotant les arrangements douteux, le fait marner jour et nuit comme un factotum ; sa bagnole de location explose tandis que Clayton Clooney, en extase bucolique, hésite à mordre des chevaux tel Nietszche en réflexion ; un de ses collègues, crack du barreau bipolaire, se suicide ; son beau-frère flic se retrouve compromis par sa faute ; son frère est junkie ; sa femme l’a largué ; son fils ne l’embrasse pas. Clooney joue perdant ; d’ailleurs, avec ses joues grises et ses yeux vides, il ne sait pas jouer (même «Nespresso what else ?» , il n’y arrive pas bien), mais le film qui le montre ainsi cette semaine est un bon coup, gagnant. A la réserve du prologue, supposé haletant et déliré, tout s’emboîte et prend, focalisé en vrille subjective sur le rôle-titre mou agréable. Clooney, mi-Sharif mi-Gable («mi-Macias», nuance un comparse), fait oublier ses effets indistincts jusque-là. Samouraï t
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