Quiconque observe le cinéma porno avec un minimum de bonne foi aura constaté que, ces dernières années, une entreprise de légitimation, à la fois artistique et intellectuelle, a commencé de prendre corps. L'art contemporain s'est emparé de la chose pornographique et la reproduit, sous forme problématisée, aussi bien dans l'avant-garde et la performance que dans la production d'objets pérennes (Jeff Koons) ou directement candidats à la culture populaire, comme les films de cinéastes comme Breillat, Noé ou Weerasethakul, entre autres, l'ont démontré. Délicats. L'université joue également son rôle dans cette entreprise, surtout aux Etats-Unis. La publication, en 2004, du gros et provocant volume Porn Studies, sous la direction de Linda Williams (1) peut être retenue comme un repère fiable de cette évolution. A sa suite, c'est toute une effervescence de textes, séminaires et débats qui s'est produite. Le dernier en date de ces ouvrages qui voudraient aborder le monde illégitime de la pornographie avec les mots et les outils de la culture légitime est l'un des plus émouvants et délicats qui soient : Pornostars, fragments d'une métaphysique du X, de Laurent de Sutter. C'est d'abord le livre de goût d'un collectionneur, où l'auteur donne littéralement de sa personne pour nous faire part des secrets de sa relation à son objet fétiche, le X et ses starlettes. Il construit ainsi un système de réflexion personnel et très élégant, qui parvient à faire glisser l'un s
Critique
Théorie sous X
Article réservé aux abonnés
par Olivier Seguret
publié le 31 octobre 2007 à 1h13