Côté pile : un pur film de gangsters, moderne, métallique, viril, glacial et violent, une immersion dans un monde mafieux dégraissé de tout sentiment, de toute émotion et de toute pitié. Une oeuvre noire, terriblement contemporaine, et qui fiche autant le bourdon que la trouille. Côté face : un vrai conte de Noël qui commence très mal et finit inespérément bien, un pur mélo familialiste comme la Warner s'en était fait une spécialité dans les années 50, qui culmine dans un ultime tourbillon de bonté humaine sentimentale propre à gonfler les coeurs pour mieux les faire pleurer.
Epouvantable terreur. Cette médaille à deux faces ennemies est un unique film et un film unique : Eastern Promises, qu'un curieux tour de bonneteau sémantique a francisé en Promesses de l'ombre.
Pour la troisième fois consécutive, David Cronenberg fabrique deux films en un ou, plus exactement, construit un second film à l'intérieur du premier.Spider, film laboratoire, était la réduction théorique et quintessencielle de cette formule. A History of Violence en fut l'éclatante démonstration pratique, une espèce de pinacle jusqu'au-boutiste qui valait manifeste. Eastern Promises boucle provisoirement le cycle en organisant un compromis particulièrement ingénieux entre les deux approches précédentes.
A partir de l'accouchement, puis la mort, à Londres, le soir de Noël, d'une jeune prostituée de 14 ans, droguée et physiquement détruite, Eastern Promises rem