Johan, 50 ans, marié, plusieurs enfants, entretient une relation adultère avec Marianne. L'épouse de Johan, Esther, est au courant de ces infidélités et en souffre. Raconté ainsi, le synopsis de Lumière silencieuse pourrait être celui d'une comédie de moeurs ou d'un vaudeville un peu désuet. Mais en trois films, Carlos Reygadas est passé maître pour dépayser l'apparente banalité d'un sujet et le transformer en équipées lointaines, époustouflantes d'exotisme bizarre et de mysticisme déphasé.
La longue ascension d'une interminable montagne du personnage de Japón, Mexico filmé comme un site de rituel sacrificiel inca dans Bataille dans le ciel laissent place cette fois à une immersion dans le nord du Mexique, dans une communauté de mennonites, une dissidence de protestants anabaptistes apparue en Hollande au XVIe siècle et qui a essaimé en Europe, au Canada et au Mexique au fil des persécutions dont ils ont fait l'objet. Réunis en communautés pieuses pratiquant l'agriculture en essayant le plus possible de ne pas recourir au progrès technique, ces mennonites parlent le plautdietsch, un dialecte germanique proche du néerlandais ancien et du flamand.
Reygadas a choisi pour tous les rôles des acteurs non professionnels issus de ces communautés, aussi bien mexicaines que canadiennes ou allemandes. La doctrine mennonite interdit a priori à ses membres de se faire photographier ou filmer. Le projet est donc pour le moins curieux, comme une sorte d'incitation à tran