Paf, une claque, et hop, un édredon glissé sous la méchanceté du monde. Le second long métrage du Lausannois Baier, 32 ans, après Garçon stupide (2004), est doux et secoue, se fout de déplaire sans y arriver. On a beau l'avoir déjà vu deux fois qu'on n'a qu'une idée en tête : y retourner une troisième pour gratter le mystère de sa jubilation.
Peut-être certains spectateurs croiront que le cinéma est cassé. Comme des voleurs. débute dans l'eau, vingt mille lieues sous le sang, où un cheval blessé s'enfonce. Puis l'on passe à Noël, toutes voix mixées, neige et musique lente, ambiance de conte. Dans le noir total, la caméra s'approche d'une jeune femme aux yeux de fougère. Elle nous fixe, l'air de demander si elle fait bien. Et comme elle s'appelle Lucie (Natacha Koutchoumov), elle branche une guirlande, illumine un jardin où apparaît son frère Lionel, interprété par Lionel Baier. Le ton change à vue. A l'autofiction succède la satire sociale. Frère et soeur n'ont pas envie de participer au réveillon sanitaire de leurs parents, auquel est invité un Noir politiquement correct. A partir de là, l'antiracisme et la communauté gay, l'humanitaire et les altermondialistes seront bien malmenés.
Surtout quand les héros arrivent devant Auschwitz et que Lionel déclare : «Ça y est, c'est sûr, on est en Pologne», suivi d'un plan sur un panneau orné d'un pictogramme de douche, d'un autre sur une théorie de marcheurs anonymes et enfin d'un dernier sur la gueule de Lionel fraîchement mass