C'est la belle nuit de Noël, a genoux les petizanfans ! Helly, prostituée décolorée, se réveille le 24 décembre, gueule de bois et cheveux en bataille. Son mac la fout dehors et elle finit par se jeter dans un taxi conduit par un type qui la paie pour qu'elle l'accompagne à l'hosto voir son vieux qui agonise. Nous sommes à Paris, il fait froid, les gens sont mal en point. L'ouverture de 24 Mesures, premier film de l'acteur Jalil Lespert, pratique un rentre-dedans que la suite ne démentira pas. D'autres personnages surgiront au fil d'un récit qui tourne les pages des destins d'un geste rageur : Marie, lesbienne de province montée sur la capitale pour un rendez-vous sexuel qui tourne mal, Chris, batteur de jazz qui en a gros sur le coeur. Chacun creuse le sillon de son amertume, de ses ratages et, en labourant ces gravats intimes, finit par croiser le chantier du voisin.
La densité dramatique de 24 Mesures peut laisser croire qu'il s'agit de l'adaptation d'un roman. C'est en fait bien un scénario original, coécrit par Lespert et Yann Apperry (jeune romancier, auteur notamment de Diabolus in musica).De même, la mise en scène joue d'écarts constants, de coups de théâtre et du désordre mental que génèrent les nuits de dérive alcoolisée. Les rapports humains ici se négocient entre deux portes ou surgissent sur le mode furibard de la collision. On peut voir le film comme un commentaire au livre de Stig Dagerman Notre besoin de consolation est impossible à ras