Sur le dos de Son Hayes, on peut voir une multitude de cicatrices. Une volée de plombs, dit-on. C'est un sujet de conversation en aparté pour les employés de la ferme piscicole où Son travaille. Certains disent que c'est à cause d'un braquage raté. D'autres, que c'est un mari jaloux qui lui a tiré dessus.
Cette anecdote sur laquelle le film insiste vaut comme emblème. Shotgun Stories : des histoires de fusil de chasse qui sont chacune comme des nouvelles isolées. Mais pour peu que certaines images fassent le joint entre elle, comme dans ce jeu d'enfant où il faut relier des points par des traits, peu à peu une silhouette apparaît, la myriade finit par former une constellation, un système se combine d'où surgit une logique, sinon un sens.
Ainsi d'une intrigante coutume pratiquée par trois frères vivant dans un patelin rural dans le sud de l'Arkansas. Ils ne s'appellent pas par leurs prénoms, mais par leur ordre d'apparition dans la famille : l'aîné se nomme Son, ses deux cadets Boy et Kid. Mais ça n'est pas si fada, quand on apprend qu'Henry est le nom d'un chien. Très importants, les chiens, dans ce film. Outre Henry, le chien de Boy, dont le meurtre va enflammer une vendetta de famille qui couvait, il y a aussi en plans intercalaires bien des clébards semi-sauvages qui traînent autour des poubelles ou qui aboient méchamment quand la caméra les fixe trop longtemps.
Sale et cassé. Des histoires de chiens. Pour des garçons qui vivent comme tels, ou presque. Son se démène d