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Critique

Hongkong : manigances surveillées

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publié le 2 janvier 2008 à 1h49

A Hongkong, des inspecteurs ont pour fonction de surveiller l'image d'un suspect : comment elle passe d'une caméra de surveillance à une autre. Et comment, pourtant, elle échappe toujours au contrôle. Les Hongkongais ont forgé deux expressions pour dire à la fois toute la modernité et le dérisoire de ce flicage par l'image : «paparazzo» est le surnom populaire, «eye in the sky», l'expression raffinée, son allégorie.

L'oeil dans le ciel, ou plutôt le regard surplombant : normal pour une ville qui rêve de s'élever. Or, Filatures est un film carrément terre à terre, c'est d'ailleurs pour ça qu'on l'aime bien. Il n'anoblit jamais le gros oeil, n'en fait pas non plus trop haut la critique. Il se contente d'en tirer un efficace suspense. Johnnie To, qui produit ce film mais en confie la réalisation à l'un de ses hommes de main, n'est pas fou : la dénonciation acerbe de la filature, du super-flicage, il se la garde pour lui. Ses films récents (Infernal Affairs, Breaking News, Election, PTU) ont déjà commencé le travail de déconstruction. Qu'on s'attende à un nouveau chapitre, sous peu.

Hongkong, 2007, un gang braque des bijouteries. L'enquête est confiée à une jeune flic opiniâtre, que cache une fille au physique anodin. Son suspect, lui aussi, se planque derrière son physique. Qui irait soupçonner un gros type à la limite de la débilité, portant toujours le même tee-shirt graisseux, s'empiffrant de victuailles synthétiques transportées dans des sacs plastiques ?Tous de