Cristian Nemescu est mort dans un accident de voiture en août 2006, en plein montage de son premier et dernier long-métrage. Or son film est bon, très bon, même. Mais eût-il été aussi réussi si Nemescu l'avait achevé, ou bien est-ce en vertu précisément de ses trous, de ses manques, qu'il atteint un délicieux sommet dans l'esthétique du fragment ? Difficile à démêler.
Décalage. Le début, pourtant, rebute. Une ouverture avec misère, guerre et bombe précède une hystérie de mauvais aloi, la caméra s'agitant sans autre raison que de faire croire qu'elle est jeune. Une demi-heure plus tard cependant, on a fini par s'installer à Capalnita, trou du cul fictif de la Roumanie de 1999, où un convoi de l'Otan escorté par des soldats américains tente de rallier la Serbie. N'était la mauvaise volonté de Doiaru, chef de gare et mafioso du village qui a décidé de bloquer indéfiniment les Yankees. Sa fille Monica tombe amoureuse du beau sergent David, sans s'apercevoir que le joli Andréi, garçon local, se meurt en silence d'amour pour elle. A l'étage des adultes, il y a d'un côté le capitaine Jones (Armand Assante), dur à cuire à la tête du convoi, qui bout dans l'attente de l'hypothétique paperasse roumaine qui pourrait débloquer la situation. De l'autre, le maire du village, obsédé par la manne que représente selon lui ce débarquement inopiné.
Mais sous l'intrigue, c'est l'humain qui prime, et son observation. Nous voici arrivés à quelque chose comme Milos Forman au temps des Amours d'un